Pourquoi aller dans un musée ? Qu’est-ce qui peut bien motiver un tel déplacement ? Aller au musée c’est partir à la rencontre de notre patrimoine. Mais qu’est-ce qui fait que cette démarche se révèle satisfaisante ou non ? Que venons-nous chercher ? De l’évasion, du dépaysement, des réponses, … Est-ce pour le storytelling ou pour ce besoin impérieux de retrouver ses racines ? Est-ce de se trouver immergé dans un univers, une ambiance où le plaisir et les émotions sont au programme ?
Visiter un musée, c’est très souvent parcourir des lieux prestigieux ou non, déambuler de salle en salle à vitesse réglementée, visiteurs obligent, en ouvrant grands les yeux parfois les oreilles dans un calme et un recueillement eu égard au patrimoine qui le compose. Tout au long de son parcours, chacun est abreuvé voire noyé par une abondance d’objets le plus souvent déracinés de leur contexte et de leur histoire qu’il vous faut apprivoiser et comprendre en un temps record, c’est le challenge. Un programme difficile à tenir sans que votre cerveau finisse à un moment ou à un autre par se mettre en mode pilote automatique, submergé par tant de sollicitations.
Un scénario excessif et réducteur, je vous le concède, mais tellement emprunt de vérités vécues pour un grand nombre de visiteurs. Alors, me direz-vous !
Pour de multiples raisons qui tiennent à l’éducation, au niveau socio-professionnel, au lieu d’habitation, aux centres d’intérêts , aux habitudes de vie ,… Autrement dit, que ce soit par curiosité, pour passer un moment au chaud, pour être impressionné ou choqué, pour s’inspirer, profiter de la clim, sortir du train train habituel, pour apprendre et comprendre, pour imaginer, s’émouvoir ou échanger avec des amis sur des sujets qui vous relient et vous font vivre des moments de partage, … Autant de raisons qui se valent et montrent s’il était nécessaire, une diversité d’approche, dont nous devons nous enthousiasmer, les considérer à leur juste valeur pour imaginer et proposer des dispositifs expérientiels forts, afin de rendre le musée attractif auprès d’un large spectre de publics et répondre aux besoins nouveaux. Comment ? Tout d’abord, en titillant la curiosité, bien sûr.
Puissant moteur de son développement, la curiosité emporte l’enfant dans des aventures quotidiennes qui l’amènent à découvrir, expérimenter, réussir, échouer, recommencer et tester pour mieux comprendre son environnement. Même si vous pensez l’avoir perdu, elle est toujours là, tapie en vous, prête à bondir. Il lui faut juste une occasion. Vous savez, c’est cette curiosité plurielle qui vous pousse à jouer, à chercher des indices, à apprendre, rire, à vous émerveiller et même à vous enthousiasmer d’un rien comme d’une découverte importante. Cette curiosité vous reconnecte et vous réconcilie avec votre âme d’enfant, c’est à la fois une source de plaisir, de stimulation, d’invention, d’imaginaire, de connaissance de soi et des autres. Il faut la nourrir et la développer comme un bien précieux.
Lieu traditionnellement dévolu à la connaissance, le musée devient une destination quand il vous donne envie d’aller voir ce qui se cache derrière ses portes et vous propose un parcours expérientiel combinant plaisir de la découverte et acquisition de connaissances. Alors, votre esprit curieux est au commande face à des dispositifs sur lesquels vous devez agir et révéler ce qui vous a été caché. Caché pour mieux montrer, représente un levier essentiel pour construire des situations stimulantes. Une oeuvre peut se dévoiler au fil de vos actions. Le toucher peut devancer la vision et laisser errer votre imagination tout comme le son peut dans un parcours sonore définir une première approche. Un artiste comme Christo a fondé une partie de son travail sur ce principe. (photo : emballage du pont neuf)
Portes, trappes, caches, boîtes sensorielles, éclairages dirigés, écrans numériques interactifs, etc. autant de dispositifs où la curiosité est sollicitée.
Les émotions, des expériences psychophysiologiques complexes et intenses, sont de puissants déclencheurs de vos mécanismes cognitifs tel que la perception, l’attention et la mémoire. Elles correspondent à un changement du fonctionnement de votre organisme en réponse à un événement externe ou interne.
Un panel d’émotions à votre disposition qui va de la joie,la tristesse, la peur, la surprise en passant par le dégout, le mépris jusqu’à l’intérêt, cette émotion qui favorise la connaissance, vous motive à explorer la nouveauté et facilite votre apprentissage.
Nouveauté/originalité, complexité, compréhension sont les ingrédients essentiels pour faire une bonne recette muséale en veillant à les doser subtilement les uns par rapport aux autres de manière à ce qu’elle remplisse sa mission de susciter l’intérêt.
Pour atteindre la sphère émotionnelle et vous toucher, il est possible de mettre en place des dispositifs favorisant l’identification, vous faire partager des vécus singuliers et authentiques.
Que les musées soient des musées d’art, des musées d’histoire et d’archéologie, des musées de sciences naturelles, des musées des techniques ou encore des musées d’ethnographie, ils convoquent tous nos origines et apportent chacun un éclairage sur notre patrimoine collectif. Des écrans miroir interactifs (réalité augmentée) vous font essayer les vêtements de vos ancêtres, des murs d’images interactifs permettent l’accès à des banques d’archives (cartes postales, gravures, tableaux, photographies, vidéos) complétées de documents écrits, de schémas explicatifs et sonores. (cleveland wall ) Maquette, image 3D, virtuelle, réalité augmentée reconstituent des époques disparues.
Depuis des dizaines d’années, les sciences cognitives ont vu l’arrivée d’une nouvelle discipline, la cognition incarnée, qui réévalue le rôle des sens et reformule la cognition comme un phénomène biologique impliquant le corps entier. En d’autre termes, nous n’apprenons pas uniquement avec notre cerveau mais avec nos sens et le corps tout entier alors même que notre culture occidentale a privilégié le visuel dans l’expérience muséale comme vecteur d’acquisition de connaissances.
Orienté utilisateur, le musée devient un lieu d’expériences mémorables et émouvantes quand les sens sont interpellés pour attirer, susciter la curiosité, amuser, émerveiller, faire comprendre.
Proposer une expérience où le visiteur, invité à toucher, à effleurer, découvre l’oeuvre les yeux bandés, avec des gants, dans la pénombre, … guidé par des sons, des odeurs ou encore invité à se déplacer, à rester statique, pieds nus,… autant de situations où ses sens viendront compléter sa perception et sa compréhension.
Il semble assez claire maintenant que les postulants à la visite d’une exposition ou à la découverte d’un musée veulent vivre une expérience captivante et acquiesce à l’idée qu’on leur raconte une histoire. C’est là où le champ du storytelling, l’art de raconter des histoires montre toute sa puissance quand il est associé aux technologies numériques. Il captive et retient l’attention, marque et suscite les émotions, aide à comprendre, transmet la mémoire collective, rassure et donne confiance.
Reconstitutions historiques, interventions de comédiens, vidéo mapping et vidéo projection, jeux vidéos (assassin creed), documentaires vidéo, les pistes sont nombreuses pour entraîner le visiteur dans une spirale narrative à la rencontre de grands événements.
Pour que l’expérience soit positive, il ne s’agit pas d’accumuler simplement l’ensemble des possibilités évoquées dans cet article, car le vrai travail va consister à déterminer les éléments pertinents en fonction des divers paramètres présidant à la réalisation d’un événement muséal ou d’une exposition itinérante ou permanente.
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Directeur de la communication